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Un 15 août au Puy-en-Velay

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Le 15 août, combinant en France le fait d'être un jour férié et une date de retour ou de départ en vacances, est dans bien des villes un moment de calme et de fermeture des magasins. Au Puy-en-Velay, à quelques kilomètres de Mézères, le jour de l'Assomption prend traditionnellement une autre saveur. Bien sûr, seules les boutiques de souvenirs vendant des napperons de dentelle à l'origine plus ou moins identifiée sont ouvertes et, comme ailleurs en France, inutile de chercher une pharmacie ou un bureau de tabac. Mais pourtant, les rues sont agitées et vivantes : touristes aussi bien que Ponots viennent fêter l'Assomption.

Pénitents blancs du Puy-en-Velay, 14 août. ©Antonin Sabot/LeMonde.fr

Cette fête marque une partie de l'identité de la ville et de sa région proche. Car le Puy cumule le fait d'être un des principaux départs des chemins de Compostelle, et un des plus importants lieux de pèlerinage dédiée à la Vierge Marie. Bien sûr, depuis des années, Lourdes a pris l'ascendant dans l'imagerie populaire et catholique dédiée à la Vierge. Mais le Puy garde une place respectable.

Pendant trois jours, la ville, parée de fanions bleus et blancs (les couleurs de la Vierge), vit au rythme des processions. Dès le 14 août, toute républicaine qu'elle soit, la mairie accueille l'évêque du Puy et quelques-uns de ses condisciples, cette année venus d'Aix-en-Provence et de Bagdad.

Procession aux flambeaux, 14 août ©Antonin Sabot / LeMonde.fr

La tombée de la nuit voit le départ de la première procession de cette célébration qui en compte trois. Munis de lampions, des centaines de pèlerins suivent les pénitents du Puy. Le lendemain, le jour du 15 août, ils sont cette fois des milliers – peut-être 30 000 – à suivre la procession de la Vierge, portée dans les rues de la ville. Les hauts-parleurs, qui habituellement dans le centre des villes touristiques crachotent de la variété, diffusent maintenant des chants religieux et des prières à Marie.

On croise des habitants du Puy, des touristes et des personnes résidant dans la région. Parfois des familles nombreuses très croyantes mais aussi des gens qui ne pratiquent pas forcément le reste de l'année. Chacun reprend en chœur prières et chants. Le dimanche soir, lors de la première procession aux flambeaux, j'aperçois ainsi Chantal et Bernard Rivolier, deux habitants de Mézères venus avec leur famille.

Procession du 15 août au Puy-en-Velay. ©Antonin Sabot / LeMonde.fr

Existant depuis des centaines d'années, il reste quelque chose d'ancien à cette fête. Une attention, un calme sur les visages tournés vers les pénitents et leur étrange Vierge noir ébène. Entourés de touristes en short et pantacourts, les pénitents blancs du Puy, qui pour la plupart ne portent pas de cagoules, laissent voir les visages de vieux messieurs recueillis. En cherchant bien au milieu des téléphones portables brandis pour prendre le défilé en photo, on tombe sur de vieux paysans portant moustache drue et visage buriné. Ils ont mis leurs beaux habits pour venir, comme leurs pères et leurs grand-pères l'avaient sans doute fait avant eux, comme s'ils n'avaient pas bougé depuis cent ans.

En s'éloignant de la procession, dans ces ruelles du Puy plusieurs fois centenaires et en entendant les chants religieux résonner sur les murs de pierre noire, on se sent un moment revenu en arrière dans le temps. Un peu comme si le cœur de la ville vivait encore, le temps d'un soir, au temps de la Renaissance ou du Moyen-Age.

Procession aux flambeaux, 14 août. ©Antonin Sabot/LeMonde.fr


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